You are here

Reportage :Roma-Net - redonner sa dignité au peuple Rom

Edited on

09 October 2017
Read time: 2 minutes

Topics

Roma-Net s'inscrit parfaitement dans l'année européenne de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale : nouveau projet URBACT lancé en novembre dernier, il vise une meilleure insertion des populations Rom. Actes xénophobes, pauvreté, exclusion des systèmes de santé, éducatif et du monde travail… l'ampleur de la tâche de Roma-Net est à la hauteur des discriminations dont sont victimes la plupart des 8 millions de Roms européens. Nous avons demandé à Budapest, Chef de file des 5 villes partenaires du projet (Udine en Italie, Heraklion en Grèce, Karvina en République Tchèque et Amadora au Portugal) , de nous exposer sa vision des enjeux et des solutions.

"En Hongrie comme ailleurs, le processus d'inclusion sociale des Roms sera long et complexe." Avant même la première réunion du Groupe de Soutien Local de Budapest, Gizella Mátyási, chef de file de Roma-Net - et directrice du bureau de représentation de la capitale hongroise à Bruxelles - dresse un constat sans appel. Ses propos reflètent l’extrême complexité du problème et l’échec de 10 années de lutte contre la discrimination des Roms, tant au niveau européen qu'au sein des Etats membres. 

Exclusion multiforme

Partout en Europe, l'exclusion sociale dont les Roms font l'objet revêt aujourd'hui le même visage. Leur communauté cumule en effet tous les facteurs de pauvreté que sont la jeunesse, le chômage, un faible taux de scolarisation et de qualifications professionnelles, un accès limité aux services de santé et des conditions de logement difficiles. 

En Hongrie, comme dans les autres pays d'Europe centrale et de l'Est, la situation  des 600 000 Roms (6% de la population hongroise) n'a fait que se dégrader depuis la chute du bloc communiste. Comme l'explique l'Eurodéputé hongroise Livia Jaroka, issue de la communauté rom : "Avant, tous les Roms travaillaient à l'usine avec les non-Roms, il y avait des mariages mixtes. Aujourd'hui, 80 à 90% des Roms en Hongrie sont sans emploi ou travaillent au noir. Il n'y a plus d'espaces communs de dialogue et de rencontre entre les deux communautés."

Du fait de cet isolement, les préjugés restent tenaces et la crise économique n’a fait qu’exacerber les tensions communautaires. En 2009, les agressions racistes anti-Roms se sont multipliées en Hongrie, mais aussi en République Tchèque, en Espagne et en Italie.

Des actions pour l'instant parcellaires et sans résultats tangibles

A Budapest, la situation sociale des Roms est globalement meilleure que dans le reste du pays. Depuis 2005, la Ville, a lancé plusieurs initiatives sur le front social et de l'emploi. Ceci dans le cadre du programme Decade of Roma Inclusion (2005-2015) qui regroupe 12 Etats membres et dont la Hongrie est l'un des membres fondateurs. Conduits par une multitude d’acteurs, les projets restent cependant localisés. "Surtout, regrette Gizella Mátyási, la mairie de Budapest n'en a pas connaissance du fait du double niveau d'administration de la municipalité dont la gouvernance locale est assurée par les autorités de Districts. "

De son côté, le gouvernement hongrois a consacré 553 millions d'euro depuis 20 ans à l'inclusion sociale des Roms. Quelques avancées notables ont été obtenues : un meilleur accès à la scolarité ou encore le développement de programmes agraires favorisant la cession de parcelles cultivables. Le bilan est cependant largement insuffisant, pour deux raisons principales : un manque d'actions concrètes et une coopération inexistante entre les différents acteurs.

L'Union européenne s'est également engagée en 2008, par la voix du Conseil européen, à définir une politique européenne commune en faveur des Roms. Pour nourrir cet objectif d’actions concrètes, l'Europe compte beaucoup sur l'apport des villes et de leurs plans d'actions intégrées.

Roma-Net : vers des idées neuves !

Devant l'ampleur des enjeux, la première mission du projet Roma-Net est de bâtir un réseau transnational d'échange qui facilitera la mise en œuvre de cette politique commune grâce aux bonnes pratiques des Plans d'Action Locaux.

Pour leur mise en œuvre opérationnelle, chaque ville partenaire de Roma-Net s'est vue confier trois pistes de travail :

  • donner accès aux services de base que sont la santé, l'aide sociale, et le logement ;
  • favoriser l'insertion professionnelle grâce à l'éducation des enfants, pour rompre avec le cycle infernal du manque de qualifications qui engendre le chômage et la pauvreté ; 
  • créer des coopératives sociales par ou pour la population Rom.

A Budapest, Gizella Mátyási voit également dans Roma-Net "une chance inédite d'en finir avec le manque de coopération actuel entre les différents acteurs locaux en bâtissant un plan d'action intégré. En réunissant au sein de notre LSG tous les services et organismes publics, les ONG et les organisations Rom, nous comptons jeter les bases d'un groupement soudé capable de conduire des projets communs cohérents dans la durée."

Une piste d'action pour Budapest : le District 8

Dans sa volonté d'harmoniser des actions pour l'instant circonscrites, Budapest entend capitaliser sur le succès du programme de régénération urbaine et sociale mené depuis 1998 dans le quartier District 8 de la capitale. Le pilote du projet, Rev’8, joint-venture entre la Mairie et le District, sera d'ailleurs partie prenante du LSG.

Majoritairement habité par des Roms et confronté au plus fort taux de chômage de la capitale, le District 8 et ses 12 000 habitants a bénéficié de 4 plans d'action menés en parallèle et collaboratifs (entrepreneurs locaux, habitants, investisseurs). Son bilan positif qui a notamment permis la réhabilitation de 1100 appartements et la création d'écoles, servira d’exemple au LSG, tant sur ses process de travail collaboration que les actions à mener ces prochaines années.


En savoir plus: