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Si vous voulez vous lancer dans des projets européens, URBACT est le point de départ.

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04 October 2019
Read time: 4 minutes

Rencontrez Kieran McCarthy, membre du Comité des régions de l'UE et conseiller municipal de Cork (Irlande).

Le conseiller municipal Kieran McCarthy est un lien vivant entre les défis quotidiens de sa ville natale, Cork - et les mécanismes internationaux de la politique européenne. Titulaire d'un doctorat en géographie et passionné par le patrimoine local corkheritage.ie, il est rapporteur du Comité des régions (CdR) sur l'Agenda urbain de l'UE et un ardent défenseur de l'amélioration des villes européennes par des actions et une coopération locales pratiques.

En tant que partenaire du réseau URBACT Playful Paradigm, la ville du conseiller McCarthy organise des aires de jeux pop-up dans des endroits tels que des rues piétonnes temporaires, des bâtiments publics ou des parcelles vides - favorisant l'inclusion, la santé et la durabilité.

De retour d'un tour sur son scooter en train de photographier les points d'intérêt locaux pour son dernier livre, le conseiller McCarthy a trouvé un moment pour répondre à nos questions.

Amy Labarrière (AL) - Depuis que vous avez découvert URBACT à la Semaine européenne des villes et des régions, vous êtes devenu fan du programme. Pourquoi ?

Kieran McCarthy (KMC) - Ce que j'aime chez URBACT, c'est que c'est terre à terre. C'est comme un tremplin : si vous voulez faire des projets européens, c'est ici qu'il faut commencer - il y a beaucoup de soutien.

J'ai regardé les lettres qui composent URBACT et je sais que ce n'est pas un acronyme, mais je me demandais ce que ces lettres pouvaient signifier...

Ce serait le "U" pour "Nous" (Us en anglais). C'est un programme axé sur les citoyens. Nous avons fait construire un nouveau pont avec des fonds européens dans notre ville... mais plus de gens ici ont entendu parler d'URBACT et de Playful Paradigm.

Je dirais que le "R" d'URBACT signifie traiter des problèmes très "réels", même à l'échelle plus large de la politique européenne.

"B" signifierait "Croyance" (belief en anglais). Les facilitateurs URBACT que j'ai rencontrés au fil des années sont convaincus que ces projets vont faire la différence : "Vous pouvez rentrer chez vous avec les idées de cet atelier et les mettre en pratique le lendemain matin !"

"A" signifierait "Action". Quand les gens se rendent à un projet ou à un atelier URBACT, ils travaillent dur pour résoudre un problème. Ils retournent dans leur ville natale avec de nouvelles idées, une vision, des compétences de collaboration... qu'ils appliquent à des projets locaux réalisables. URBACT dispose d'une méthodologie fantastique pour y parvenir.

"C" pour " Collaboration". Avec le Comité des régions, j'ai organisé des ateliers dans toute l'UE, sur différents thèmes allant de l'Agenda urbain au marché unique numérique... Certaines villes collaborent très bien, d'autres non. Ce n'est pas facile de réunir les gens autour d'une table et de dire tout à coup "parlez" : il faut une méthodologie. URBACT permet aux gens de s'écouter et d'apprendre les uns des autres.

"T" pourrait signifier "Toolkits" (boite à outils) - dont je suis un grand fan. Tous les projets et outils URBACT sont en ligne sur urbact.eu. Beaucoup d'autorités locales ne s'en rendent pas compte.

Récemment, j'ai participé à un débat dans ma propre salle du Conseil sur la question de l'abandon dans la ville, à la recherche d'idées sur la manière de redémarrer les sites abandonnés : j'ai cité un document URBACT, et il a été publié dans le journal local.

Je suis passionné par ma propre ville, mais j'ai découvert qu'il y a d'autres "Cork", des villes secondaires pleines d'ambition et d'idées. La plupart des villes essaient de faire une sorte de rénovation du centre-ville, d'améliorer leurs transports, d'élaborer un plan d'adaptation au changement climatique, d'impliquer davantage leurs citoyens... Et nous nous posons tous les mêmes questions : avec qui pouvons-nous collaborer ? Qui peut nous donner des idées ?

Nous n'avons pas à faire les choses seuls : nous pouvons apprendre les uns des autres ! Une fois que vous aurez été impliqué dans un projet URBACT, vous serez à la recherche du prochain !

 

AL - De nombreuses villes appliquent ensuite leurs compétences acquises grâce à URBACT dans des programmes plus vastes. Avez-vous vu URBACT susciter des améliorations plus larges en matière de développement urbain à l'échelle de l'UE ?

KMC - URBACT est une flèche dans un gigantesque carquois de flèches qui fait avancer la réflexion au sein des villes et des régions et fait "communiquer l'Europe". Le Comité des régions dispose d'outils et d'analyses sur des thèmes allant de la bio-économie à l'informatique... Il y a aussi la Capitale européenne de la culture, Interreg, Horizon 2020, la semaine européenne des villes et des régions, les élus locaux... C'est un effort conjoint.

 

AL - Vous avez été nommé au Comité des régions en 2015. Comment s'est passé le saut vers le niveau européen ?

KMC - La courbe d'apprentissage a été très raide. Cela a complètement changé ma vie - tout d'un coup, vous passez du conseil local à l'hémicycle du Parlement européen ! Tout le monde a droit à une minute pour s'exprimer et influencer la politique. Il m'a fallu un certain temps pour entrer dans les débats, et pour couper à travers le jargon européen.

Récemment, à Bucarest, pour la discussion informelle avec les ministres de l'UE sur l'Agenda urbain, dix minutes avant la réunion, j'étais au téléphone à propos d'un problème de nids-de-poule, puis je suis descendu du taxi et je serrais la main du vice-premier ministre de la Roumanie !

Je suis toujours étonné par les différentes perspectives qu'apporte le Comité des régions. Et les problèmes qu'ils expriment sont les mêmes que dans votre pays - vous vous rendez compte : "je le sais" ! C'est ce qu'il y a de bon au Comité des régions, cela donne une voix aux représentants locaux et régionaux. Je pense que l'Alliance pour la cohésion a fonctionné.

 

AL - Quel a été votre rôle en tant que rapporteur du CdR sur l'Agenda urbain de l'UE ?

KMC - J'ai fait une évaluation de la mise en œuvre de l'Agenda urbain de l'UE l'année dernière. De plus, j'ai examiné comment nous pourrions fusionner certains des plans d'action : logement, environnement....

 

Mon rôle est de m'assurer que les plans d'action sont respectés. 12 plans d'action ont émergé des partenariats, 12 actions dans chacun, alors comment mettre en œuvre ces 140 actions ? À Bucarest (RO), j'ai parlé au nom du Comité des régions de l'orientation que devrait prendre l'Agenda urbain. On craint fort que certains de ces plans d'action ne se retrouvent sur une étagère. J'ai donc demandé un financement supplémentaire pour la mise en œuvre, et que les voix des coordonnateurs des partenariats soient entendues beaucoup plus souvent.

Les chefs de délégation des États membres ont accueilli favorablement la déclaration de Bucarest - c'était formidable. Et la présidence allemande faire de cet Agenda urbain de l'UE un enjeu de premier plan en dépoussiérant la Charte de Leipzig sur les affaires urbaines d'il y a dix ans !

 

AL - Selon vous, quelle est la contribution d'URBACT à ces changements dans les villes de l'UE ?

KMC - Au cours des 10 dernières années, nous avons vu les villes et les régions avancer - il y a beaucoup plus de collaboration - et je pense qu'URBACT est au cœur de ce débat.

Il y a peut-être une crise politique au niveau du gouvernement central, mais ce que j'ai constaté sur le terrain avec le Comité des régions, c'est que les villes européennes ont soif de travailler ensemble, d'apprendre davantage et qu'il y a une évolution souterraine bouillonnante vers un changement plus citoyen. Je pense qu'URBACT contribue à cette évolution. Les gens peuvent simplement ouvrir les fichiers URBACT et voir comment fonctionne la collaboration. Ce n'est pas facile, mais c'est très important.

J'ai vu ça dans ma propre ville. Playful Paradigm réunit différents services de la ville, mais aussi des citoyens. Sur la marina de Cork, des jeux géants Connect 4 ont été mis en place. Il s'agit de "mettre en capacité" les associations de résidents locaux, d'atteindre la population locale - ce qui n'est pas toujours le cas avec les projets européens à grande échelle. Les avis du Comité des régions sont des frontières d'idées, il s'agit de connexions, de partenariats, de dialogue, d'unité, de diversité, d'interopérabilité transfrontalière... mais on ne peut pas se contenter de parler de ces mots à la mode : nous avons besoin de projets concrets, de plateformes d'échange de connaissances.

La collaboration favorise la collaboration, même dans le cadre de projets de moindre envergure comme l'ouverture d'un petit parc en bordure d'une rue. Quand les gens s'amusent à travailler ensemble, ils travailleront à nouveau ensemble. Ma ville est relativement petite, 210 000 habitants, donc les gens des projets "Villes en santé", des programmes d'action pour l'âge, des programmes pour les réfugiés, des chambres de commerce, des associations d'entreprises... se connaissent tous, mais ils n'avaient peut-être jamais travaillé ensemble auparavant. URBACT est interdisciplinaire, il rassemble les gens, il défend l'innovation citoyenne - et vous découvrez un courant électrique dans la ville, une énergie !

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Plus d'informations sur Kieran McCarthy sur kieranmccarthy.ie

Pour en savoir plus sur la Charte de Leipzig et sur la manière dont URBACT actualise les principes de la politique urbaine européenne, cliquez ici.