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Reportage - L'université d'été URBACT prend ses quartiers à Dublin

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23 February 2015
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Dublin est une ville partenaire coutumière des projets URBACT. Alors qu'elle se prépare à accueillir l'Université d'été URBACT en août, nous nous sommes intéressés à la stratégie de développement urbain de la capitale irlandaise et aux avantages que lui apporte sa participation aux quatre projets URBACT.


Croissance du tourisme de croisière
James Joyce n'en croirait pas ses yeux : dans le port de Dublin qu'il a si souvent évoqué dans son œuvre, d'énormes navires de croisière longs comme trois terrains de football arrivent chaque semaine débarquant plus de 100 000 touristes chaque année dans les rues de la ville. Tous ces visiteurs étrangers viennent s'imprégner de l'atmosphère littéraire de la ville et dépensent des euros par millions dans ses boutiques.

Une partie du succès de ce développement revient à la participation de Dublin au projet URBACT CTUR Port Cities, qui s'est achevé en 2011. "Le projet a rassemblé le conseil municipal et l'autorité portuaire," explique John O'Hara, délégué à l'aménagement urbain et responsable du Plan de développement. "Avant, nous travaillions en écosystèmes parallèles." A dire vrai, les deux autorités avaient déjà travaillé ensemble pour construire un tunnel reliant le port au périphérique urbain de façon à détourner le trafic des camions porte-conteneurs des quais saturés de la Liffey. Le tunnel a été ouvert à la circulation en 2006.

Un bénéfice mutuel

Puis est arrivé le projet URBACT CTUR qui a rapproché davantage les deux entités. Elles ont discuté ensemble les plans pour améliorer la venue de navires de croisière de plus en plus grands et construire une liaison plus pratique de 3 km pour les touristes entre le port et le centre de la ville. "Les deux parties ont tout de suite vu l'avantage de ce projet," indique John O'Hara. "Petit à petit, le port et la ville ont vu la possibilité d'une symbiose entre eux. Et beaucoup de tout cela a été possible grâce au projet URBACT portant sur les navires de croisière."

Dublin a connu des bouleversements ces dernières années. Après la période d'euphorie du "Tigre celtique" au milieu de la décennie 1990, 2008 a été l'année de la catastrophe économique. L'Irlande a vu son taux de chômage passé de 5 % à 14 % en moyenne, voire 17 % chez les jeunes de 20 à 30 ans. Pour la première fois depuis des années, les jeunes ont commencé à quitter le pays comme Joyce l'avait fait lui-même !

Le nerf sensible de l'émigration

"L'émigration est un point sensible dans ce pays parce que c'est une hémorragie : c’est voir partir ce que le pays a de meilleur et de plus brillant, et pour longtemps. Nous ne pensions pas, dans les trois ou quatre dernières années, que nous verrions sa réapparition" explique John. Mais il fait preuve d'un relatif optimisme puisque 1,2 million d'habitants du Grand Dublin montrent des signes de croissance.

Ces dernières années, la ville a connu un afflux d'immigrants. Ils représentent aujourd'hui entre 15 et 20 % de la population, principalement des Polonais et des Chinois. Ce phénomène a incité Dublin à participer à un autre projet URBACT aujourd'hui achevé, OPENCities. "Ils apportent des avantages auxquels nous n'avions pas pensé," poursuit John. "Par exemple, ils utilisent mieux nos grands espaces ouverts. Il n'est pas rare de voir des familles le week-end le long des quais et dans Phoenix Park, plus nombreuses que les irlandais du cru.

Aujourd'hui, la ville est partenaire de deux autres projets URBACT. Le projet URBACT Markets vise à modifier le profil du marché historique des fruits et légumes du centre-ville en le faisant passer d'un marché de gros à un marché de détail afin de favoriser l'économie alimentaire de la ville et de protéger la halle victorienne. "C'est une belle occasion d'attirer des gens dans le quartier et de le relancer, à l'image du Borough Market à Londres" fait remarquer John.

Aménager une ville plus compacte et plus durable

Le second projet, le USE ACT, concerne le renouveau urbain. Ce thème s'inscrit dans la stratégie de développement du Conseil municipal de promouvoir une ville plus compacte et plus durable. Il s'agit de maîtriser la croissance démographique de la ville en essayant de faire revenir les habitants partis s'installer dans des villes dortoirs périphériques lointaines, lorsque les prix de l'immobilier ont explosé. Ils leur arrivent ainsi de parcourir une centaine de kilomètres en voiture pour rejoindre leur lieu de travail.

Le Conseil municipal a décidé de mettre en œuvre des plans d'action locale et de créer deux grands quartiers à la périphérie de Dublin : l'un à côté de l'aéroport au nord et Pelletstown à l'ouest. Tous les deux sont situés sur de grands axes ferroviaires. "Notre politique est d'avoir une typologie mixte dans les deux quartiers : logements familiaux, logements pour personnes seules, pour personnes âgées, de façon à ce que les gens souhaitent venir y habiter plutôt que de faire une cinquantaine ou une soixantaine de kilomètres en voiture, sans parler des frais que cela représente," explique John. "Il ne nous reste que 500 hectares de terrains non aménagés dans la ville, raison de plus pour en faire bon usage."

Une réussite exemplaire : les Docklands

Dans le cadre du projet USE ACT, Dublin a mis au point une stratégie pour développer ses friches industrielles. "Ce projet URBACT et les autres auxquels nous avons participé posent la question centrale de savoir comment utiliser le mieux possible l’espace urbain, » précise John. « Dans la ville intra muros, nous avons quelque 200 sites vacants ; il peut s'agir de deux maisons manquantes jusqu'à des sites plus vastes de 10-12 hectares. C'est pourquoi nous recherchons les moyens de revitaliser ces zones. Nous essayons de créer une base de données pour les recenser – trouver qui en est le propriétaire, essayer de prendre des mesures dissuasives  en augmentant les impôts locaux pour nous assurer que cela permettra de remettre ces sites dans le circuit au bénéfice de la ville. Ce ne sont pas seulement des verrues mais aussi une perte pour la ville."

La plus belle histoire dans le développement de Dublin ces 20 dernières années reste la transformation des Docklands en un centre de services financiers et d’affaires. Lancé en 1987, il entre dans sa deuxième phase qui consiste à aménager 22 hectares de terrain dans le secteur de North Lotts et de Grand Canal Dock. Le plan du Conseil municipal prend appui sur les infrastructures existantes dans le secteur. Grâce au tram Luas et son réseau de 54 stations pour 36 km de voie, une ligne longe la partie nord du quartier des Docklands. "Nous avons déjà des pôles de créativité là-bas qui vont agir comme des aimants : Google, qui emploie entre 2000 et 3000 personnes et Facebook" explique John. "Côté culture, nous avons le nouveau centre des congrès de Dublin qui amènent de nombreux délégués et également une salle de 2000 places à Grand Canal Dock. Ce n'est donc pas seulement une zone de bureaux, il s’agit d’attirer de la vie et de la diversité dans le secteur. Pour nous, URBACT a été une façon de cristalliser ces problèmes et de les présenter aux citoyens et aux élus de la ville."

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