Plusieurs villes belges s’engagent pour un développement urbain durable et inclusif grâce à URBACT
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13 December 2019Une diversité de thématiques sont couvertes par les nouveaux réseaux d’échanges d’expertise et de bonnes pratiques qui ont été sélectionnés en avril 2019 et auxquels participent des villes belges : la lutte contre le sans-abrisme, la transition écologique et bas carbone, la sécurité urbaine, la mobilité durable ou encore l’économie circulaire. Plusieurs villes belges s’inscrivent dans ces nouvelles dynamiques collaboratives : Gand, Vilvorde, Malines, Liège et Anvers. Premier focus sur deux réseaux dans lesquels des villes belges sont impliquées : ROOF (Gand & Liège) et Resourceful Cities (Malines).
Le point de contact URBACT belge a participé durant le mois d’octobre 2019 à la journée de lancement locale (kick-off meeting) de deux nouveaux réseaux de planification d’action (Action Planning Networks) dans lesquels sont impliquées des villes belges.
Suite à l’appel à candidatures pour la mise sur pied de nouveaux réseaux de planification d’action lancé début 2019 par le Secrétariat d’URBACT, plusieurs villes belges, parmi lesquelles trois villes qui n’ont jamais participé au programme, ont été sélectionnées. En effet, les villes de Malines, Liège et Vilvorde sont « nouvelles » dans le programme et participent respectivement aux réseaux Resourceful Cities* (économie circulaire), ROOF** (sans-abrisme) et Zero Carbon Cities*** (résilience et zéro carbone).
Liège s’engage pour éradiquer le sans-abrisme
Parmi les actions importantes de la déclaration de politique communale de Liège en 2019 et de son plan de lutte contre la pauvreté, la réduction voire l’éradication du sans-abrisme constitue un des objectifs-clés.
Le réseau URBACT ROOF se situe à la croisée de deux thématiques fondamentales aujourd’hui pour le développement intégré et inclusif des villes : la réduction de la pauvreté urbaine et de l’exclusion sociale, d’une part, et l’accès au logement pour tous, de l’autre. Il s’agit, pour les équipes du projet, non seulement de répertorier une série de logements inoccupés ou vacants (environ 2.000 aujourd’hui à Liège), d’une part, mais aussi de trouver des stratégies innovantes pour les activer pour des publics démunis (environ 500 à 800 sans-abris à Liège en 2019), de l’autre.
La ville de Liège dispose d’un large réseau associatif et public rassemblant des structures complémentaires sur le terrain : infirmières de rue, relais social, l’ASBL « Les Sans Logis », salles de consommation, etc. sur lequel s’appuyer pour définir de manière collective et concertée un plan d’action intégré sur cette thématique.
Face au manque relatif de données sur la réalité du sans-abrisme dans les villes européennes, le réseau ROOF propose d’améliorer la collecte d’information et, dès lors, de mieux connaître cette problématique pour y trouver une solution plus adaptée. En mettant le focus sur le « Housing First », une approche née aux États-Unis (voir les travaux du psychologue Sam Tsemberis à ce sujet), les partenaires du réseau considèrent le relogement de la personne sans-abri comme le point de départ du processus d’accompagnement et d’aide. Au lieu de partir du postulat que le sans-abri doit résoudre ses problèmes - d’addiction, de santé, mentaux - d’abord, le Housing First retourne la stratégie en faisant du logement un moyen et non une fin.
Des projets pilotes ont été mis en place dès 2013 dans plusieurs villes belges ; depuis 2016, une cellule de soutien au développement du Housing First a été mise en place au niveau fédéral afin de maintenir et déployer ces initiatives : le Housing First Lab.
Aujourd’hui, à Liège, l’équipe Housing First, c’est : deux travailleurs sociaux, une infirmière, un « capteur logement » (rôle d’intermédiaire et volonté de séparation du logement et de l’accompagnement, vu la triangulation entre propriétaire, locateur et accompagnateur) et un coordinateur. Ce sont depuis un an les Relais Sociaux qui sont chargés, en Wallonie, de coordonner les projets de Housing First. L’objectif est de démontrer que HF est un interlocuteur fiable pour les propriétaires privés et qui accompagne réellement le sans-abri dans la démarche. Aujourd’hui, « 90% des personnes devant être prises en charge par le Relais Social à Liège sont atteintes de toxicomanie » avance un coordinateur social. Quelques chiffres clés permettent de mettre en exergue l’urgence de la situation mais aussi le potentiel que représente HF : « le temps passé en rue en moyenne par les SDF liégeois avant leur relogement est de 5 ans et demi ! », explique un assistant social qui travaille sur le HF à Liège. Certains effets de cette stratégie sont déjà identifiés, comme l’anxiété et la solitude, mais des outils sont à disposition pour y pallier. Ce ne sont pas moins de 90 % des personnes accompagnées par HF à Liège qui sont toujours dans leur logement, un taux de succès bien supérieur aux autres approches existantes.
Un enjeu urbain très concret : URBACT propose d’y trouver une solution collectivement, en permettant la collaboration entre plusieurs villes européennes.
La ville de Liège n’est toutefois pas à l’initiative de ce réseau, c’est bien Gand qui a monté le projet ROOF, en tant que pilote du partenariat entre neuf villes européennes : Liège, Naples (Italie), Glasgow (Royaume-Uni), Göteborg (Suède), Thessalonique (Grèce), Toulouse (France), Braga (Portugal) et Timisoara (Roumanie). On constate ainsi que c’est au travers de programmes européens que les villes belges peuvent aujourd’hui collaborer, échanger et établir des partenariats, en l’absence d’une politique urbaine à l’échelle nationale. C’est d’ailleurs un aspect particulièrement apprécié par les villes partenaires !
Malines au cœur des dynamiques de l’économie circulaire
Dans un tout autre registre, à Malines, un centre de ressources urbaines (urban resource centre) devrait voir le jour prochainement. Les autorités de la ville s’intéressent en effet à ces centres, à savoir des lieux « physiques » qui promeuvent l’économie circulaire à l’échelle locale. Il s’agit du site De Potterij situé dans le centre de la ville, qui sera un laboratoire pour l’économie circulaire, rassemblant des entrepreneurs innovants et créatifs. Le projet, qui fait l’objet d’un investissement important de la Région flamande (via l’OVAM, l’Agence publique flamande des déchets) afin d’assurer la dépollution du site, mettra « l'accent sur la maximisation de la réutilisabilité des produits et des matières premières et sur la minimisation de la destruction de la valeur. D'autres thèmes tels que l'écologie, l'agriculture urbaine, l'éducation, les quartiers, la culture et le développement des connaissances y trouveront également leur place ». Le futur site devra à la fois faire office de vitrine (showcase) et constituer un lieu où les créateurs pourront travailler et innover, avec un enjeu de conciliation entre visibilité et tranquillité (plus d’informations ici).
À l’initiative des citoyens qui ont réclamé l’instauration d’un tel lieu dans leur ville, les autorités locales ont tenu à répondre positivement : établir une stratégie en matière d’économie circulaire pour Malines mais aussi, plus concrètement, mettre en place un projet pilote de centre de ressources urbaines, sur le modèle de Vollebekk Fabriker à Oslo (plus d’informations ici). Le but est, à terme, d’étendre le concept à toute la ville afin de créer un véritable métabolisme urbain. Pour cela, Malines peut compter sur de nombreux sites potentiels susceptibles d’accueillir un tel centre.
Le réseau URBACT auquel participe Malines, intitulé Resourceful Cities, permet par ailleurs de poursuivre les objectifs et actions proposés dans le partenariat sur l’économie circulaire de l’Agenda Urbain pour l’UE. Le réseau regroupe dix villes : Malines, La Haye (Pays-Bas), Patras (Grèce), Cáceres (Espagne), Ciudad Real (Espagne), Zagreb (Croatie), Oslo (Norvège), Opole (Pologne), Vila Nova de Famalicão (Portugal) et Bucarest (Roumanie).
Les villes s’engagent ainsi pendant plus de deux années à collaborer, se rencontrer et échanger afin de développer chacune un plan d’action intégré permettant de mettre en œuvre des solutions pour répondre aux défis identifiés : éradication du sans-abrisme ou développement de projets d’économie circulaire. Nous leur souhaitons beaucoup de succès dans leurs projets et échanges !
Comme le montrent ces deux exemples, URBACT propose donc de trouver, ensemble, des réponses à des enjeux urbains majeurs afin de construire des villes plus durables, plus agréables et plus solidaires.
Plus d’informations sur le programme dans la vidéo ci-dessous :
https://www.youtube.com/watch?v=poeMVmO9K-A
*le réseau Resourceful Cities s’intéresse à la manière dont les villes peuvent développer des centres de ressources urbaines de nouvelle génération qui permettent de promouvoir l'économie circulaire et d’inviter les citoyens, les nouvelles entreprises et les start-ups à co-créer de nouveaux moyens de fermer « les boucles de ressources » au niveau local d'une manière économiquement durable.
**Le réseau ROOF vise à éradiquer le sans-abrisme par des solutions de logement innovantes au niveau de la ville. Le ROOF échangera des connaissances sur la façon (1) de recueillir des données précises et (2) de passer de la gestion symptomatique à la fin réelle de l'itinérance, avec Housing First et Housing Led comme modèle d'orientation. ROOF guidera les villes partenaires vers l’élaboration de plans d'action locaux intégrés liés à l'objectif stratégique à long terme du Zéro Fonctionnel (pas de sans-abrisme structurel).
***le réseau Zero Carbon Cities aide les villes partenaires à définir des objectifs, des politiques et des plans d'action scientifiques en matière de réduction des émissions de carbone, y compris en matière de gouvernance et de renforcement des capacités, afin de leur permettre de contribuer à la mise en œuvre réussie de l'accord de Paris et de la vision stratégique de l'UE pour la neutralité carbone d'ici 2050.
Submitted by Fabian Massart on