Conférence finale du réseau REFILL : retour sur les usages temporaires comme enjeu majeur d’une action publique innovante !

Les usages temporaires ?

Au cœur de ce réseau, la thématique, celle des usages temporaires d’espaces en reconversion, est à la mode et constitue un moyen d’innovation de l’action publique sur la ville et ses espaces en mutation. Elle permet également de réfléchir à de nouvelles manières de travailler le territoire, les relations entre les acteurs et les parties prenantes du quartier et de la ville ainsi que l’implication des citoyens et des associations de terrain.

Stijn Van Oosterlynck, sociologue à l’Université d’Anvers, qui intervenait en début de journée pour introduire la thématique, définit les usages temporaires comme une « pratique des citoyens, organisée ou désorganisée, qui s'approprient un espace inutilisé, désaffecté ou sous-utilisé ». Les usages temporaires peuvent dès lors constituer un outil d’action publique qui permet d’expérimenter de nouvelles manières de faire de l’urbanisme, plus collectif et bottom-up. Cet instrument ouvre la voie à différents usages de l’espace, à l’intégration de divers publics et acteurs, en bref, des partenaires non habituels des urbanistes et aménageurs. Au-delà d’un outil participatif d’appropriation de l’espace et d’action, l’usage temporaire peut également est utilisé comme un moyen de réduire les risques pour les investisseurs privés et les promoteurs immobiliers afin de s’assurer de la réappropriation des espaces à reconvertir. Selon Stijn Van Oosterlynck, les usages temporaires permettraient dès lors de reconnecter les différentes vitesses du développement de la ville et offriraient ainsi de nouveaux espaces pour les besoins et les ambitions de nouveaux urbains.

Plusieurs questions importantes restent ouvertes et ont été traitées dans le cadre du réseau REFILL : comment gère-t-on l’après usage temporaire ? Comment impliquer une diversité de parties prenantes et non pas uniquement les « usual suspects » ? Quels sont les besoins qui doivent être solutionnés à travers ces pratiques urbanistiques innovantes ? Comment reconnaitre la valeur d’un travail bien souvent bénévole ?

Sur le terrain, à la découverte de Brugse Poort – De Koer

Après une introduction théorique plus que pertinente, permettant de recadrer le débat et les grandes questions qui le sous-tendent, direction le quartier de Brugse Poort pour la découverte de l’un des nombreux lieux ayant fait l’objet d’une expérimentation en matière d’usages temporaires à Gand.

A De Koer, les citoyens et associations de quartier se sont alliées pour utiliser un bâtiment industriel à l’abandon, suite à un appel « à usages temporaires » lancé par la ville de Gand. Ce lieu culturel organise des concerts, des séances de cinéma, des cours de cuisine, des résidences, etc.

Une après-midi interactive : six ateliers et dix villes à l’honneur

Retour à Sint-Josefkerk pour la seconde partie de la journée, consacrée à des ateliers parallèles sur diverses thématiques et différents cas d’étude en lien avec les usages temporaires : l’InfoMarket. Cinq ateliers étaient ainsi organisés : sensibilisation (awareness raising), faire correspondre la demande et l’offre (matching offer & demand), mettre l’usage temporaire à l’agenda de la ville (put temporary use on the city agenda), créer une boite d’outils de l’utilisation temporary (create a temporary use toolbox) et définir l’utilisation temporaire comme un service normal (set temporary use as a normal service). En posant quelques questions clefs pour avancer sur la thématique des usages temporaires, ces ateliers ont permis d’en apprendre plus sur les bonnes pratiques et expériences des dix villes impliquées dans le réseau REFILL et d’échanger directement avec les porteurs de projets et les représentants des villes.

François Jegou, du bureau d’étude SDS et expert en charge du réseau, a également eu l’occasion de présenter la publication finale de REFILL « A journey through temporary use ». La feuille de route (road map) préparée permet de passer en revue les thématiques couvertes par les ateliers parallèles de l’InfoMarket et d’accompagner les acteurs impliqués dans un projet d’usage temporaire à travers ce processus complexe… Un document incontournable pour tous les praticiens intéressés de reproduire ces initiatives innovantes et de franchir le pas vers des expérimentations concrètes sur le terrain !

Des fonds pour les usages temporaires : l’exemple de Gand

Pour montrer le type de pratique mise en lumière lors des ateliers, prenons l’exemple de la ville de Gand, qui a décidé de débloquer un fonds de 300.000 euros par an pour financer des projets d’usages temporaires d’espaces en reconversion ou à l’abandon, sur appel à intérêt et à candidatures. La ville a ainsi développé un travail conséquent d’expérimentation des pratiques d’usages temporaires et de travail collectif avec différentes parties prenantes. La ville travaille aujourd’hui avec quinze managers de quartier, qui servent d’intermédiaires entre deux « mondes » aux langages bien souvent différents et aux réalités contrastées. Cette culture de l’expérimentation rend possible l’échange mais aussi l’erreur et l’amélioration des projets avant leur mise en œuvre définitive. C’est par ailleurs un jury qui décide quels projets seront financés.

N’hésitez pas à également regarder la vidéo de la journée :

Ou à consulter le site web du réseau : https://refillthecity.wordpress.com/.